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Pesticides : Effets sur la santé, une expertise collective de l’Inserm

05 juillet 2013

L’INSERM (institut national de la santé et de la recherche  médicale) a publié le 13 juin une expertise sur les effets des pesticides sur la santé. Commandée par la DGS (direction générale de la santé), cette enquête révèle l’implication des pesticides dans plusieurs pathologies chez des personnes exposées professionnellement à ces substances, en particulier des pathologies cancéreuses (mélanomes, leucémies, cancer de la prostate ou du testicule), des maladies neurologiques et neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer), ainsi que des troubles de la reproduction. Des effets néfastes sur le développement in-utéro (fausses-couche, malformations congénitales) et pendant l’enfance, (problèmes de motricités, altération des capacités intelectuelles, leucémies) ont également été mis en lumière.

Les pesticides sont utilisés depuis des décennies pour protéger les cultures, pour limiter la propagation de parasites et ainsi améliorer la qualité de la production alimentaire. Des traces de l'utilisation du soufre en Grèce antique sont retrouvées dès 1000 ans avant J.-C. et Pline l'Ancien - naturaliste romain du 1er siècle - recommandait l'usage de l'arsenic comme insecticide. Puis au XIXème siècle l'essor de la chimie minérale va fournir de nombreux pesticides minéraux tirés des sels de cuivre. Mais c’est dans les années 1930 que les pesticides connaissent une véritable expansion avec le développement de la chimie organique de synthèse. Le DDT (insecticide chimique incolore utilisé pour détruire les insectes) est alors commercialisé et devient le premier de la famille des organochlorés, qui domineront le marché des insecticides jusque dans les années 1970. D'autres pesticides ont été mis au point pour l'industrie textile (anti-moisissures, anti-acariens), et l'industrie du bois (traitement contre les xylophages et les champignons des charpentes). Ils se sont également imposés petit à petit pour l’entretien de la voirie publique, ainsi que dans le domaine domestique (anti-moustiques, colliers antipuces) et médicale (antiseptiques, désinfectants, …).

Actuellement, l’inquiétude est grandissante face à l’utilisation massive des pesticides dans le milieu agricole. En permettant une meilleure maîtrise des risques et une relative garantie de productivité, les pesticides ont été au fondement de la mise en place de systèmes de production intensifs. Néanmoins, leur formidable succès et la banalisation progressive de leur emploi ne doit pas faire perdre de vue la dangerosité de ces produits.

La pollution par les pesticides est très large. Elle touche toutes les strates de notre environnement (air, eau, sol, denrées alimentaires) et a également un impact avéré sur la santé et notamment sur la santé des professionnels qui sont quotidiennement en contact avec ces produits toxiques. Rappelons que la pénétration des pesticides peut se faire par voie cutanée ou/et respiratoire.

Actuellement, l’Europe est le premier consommateur de pesticides et la France est en tête de ce classement européen.

Cette prise de conscience - à la fois sociétale, publique et politique - a amené le Sénat à publier le 23 octobre 2012 un rapport. Cinq constats ont été fait : les dangers et les risques des pesticides pour la santé sont sous-évalués ; le suivi des produits après leur mise sur le marché est insuffisant ; les protections contre les pesticides ne sont pas à la hauteur des risques ; les pratiques industrielles, agricoles et commerciales actuelles n’intègrent pas suffisamment la dangerosité des pesticides pour la santé ; malgré le plan Eco Phyto réclamant une réduction de 50%, l’utilisation des phytosanitaires a, au contraire, augmenté de 2%.

Une centaine de recommandations ont alors été énoncées par le sénat dont voici les principaux axes de travail :

-        la procédure d’autorisation de mise sur le marché,

-        la connaissance des risques,

-        la reconnaissance des maladies professionnelles,

-        les pratiques agricoles et agro-alimentaires,

-        le développement de méthodes alternatives,

-        l’information et la sensibilisation du public face aux dangers pour la santé,

-        la formation des professionnels,

-        le statut de l’expertise et de l’alerte,

-        la recherche,

-        la prévention des risques d’exposition professionnelle pour les salariés de l’industrie, les agriculteurs…

-        les équipements de protection individuelle et collective,

-        la vente aux professionnels et aux particuliers,

-        le matériel d’épandage,

-        la gestion des déchets.

Même s'il reste encore beaucoup de progrès à réaliser dans ce domaine, une réelle prise de conscience de la dangerosité de ces produits chimiques est enfin en cours.

Une version plus détaillée de l'article est publiée sur le site Miroir Social

Patricia Mouysset
Responsable du département Chimie-Toxicologie

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