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Les radiofréquences : des effets biologiques mis à jour

29 avril 2013

 

Une étude menée par l’équipe mixte Péritox « périnatalité et risques toxiques » de l’INERIS et de l’université de Picardie Jules Verne, avait pour but de rechercher des effets biologiques des radiofréquences sur les fonctions de l’équilibre énergétique (régulation thermique, sommeil, alimentation). Cette étude a été réalisée sur de jeunes rats soumis à des champs électromagnétiques de type antenne-relais.

  • Les premiers résultats obtenus montrent des modifications dans la perception de la température, dans la prise alimentaire mais aussi un effet de fractionnement du sommeil paradoxal…

Effets « thermiques »

Les chercheurs s’accordent sur les effets thermiques produits par les radiofréquences sur les organismes exposés. En effet, ces derniers peuvent provoquer des effets d’échauffement des tissus soumis à ce type d’ondes jusqu’à des nécroses. Le 31 mai 2011, le CIRC de l’OMS a classé les radiofréquences comme peut-être cancérogènes pour l’homme (groupe 2B) sur la base d’un risque accru de gliome (sorte de cancer du cerveau) chez les grands utilisateurs de téléphone portable (plus de 30min/jr pendant dix ans).

 L’hypersensibilité électromagnétique (HSEM) 

Au-delà de ces effets « thermiques » peu de publications permettent d’expliquer les symptômes que présentent les personnes dites « électro-sensibles ». C’est pourquoi l’hypersensibilité électromagnétique (HSEM) ou encore SICEM (syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques) a été un champ de recherche prioritaire identifié par le rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) et par la table-ronde
« radiofréquences, santé, environnement » en 2009, pour comprendre les mécanismes mis en jeu chez ces gens.

Les manifestations relevées par les différentes équipes Hillert, Röösli et Schuz chez ces gens souffrant de HSEM sont essentiellement : les troubles du sommeil, la fatigue, difficultés de concentration, de lassitude, maux de tête et vertiges entre autres. Les symptômes décrits sont reconnus comme réels, par l'OMS notamment, sans toutefois qu'un lien de causalité avec l'exposition aux champs et ondes électromagnétiques ne soit établi. Pour les personnes électro-sensibles, les symptômes passagers peuvent évoluer vers la chronicité et présenter des conséquences diverses. La recherche de l’évitement peut conduire dans certains cas à un isolement de la société avec tous les conséquences que cela peut présenter.

La perturbation du sommeil peut avoir de grandes conséquences sur l’équilibre d’un organisme et sur sa santé (voir article écrit sur le travail posté). Aussi, l’équipe Péritox a voulu mener une part de ces recherches sur des organismes en plein développement comme les jeunes, les enfants, et sur les conséquences sur l’équilibre énergétique dont font partie le sommeil, la régulation thermique du corps et l’alimentation.

  • Le niveau d’exposition simulé correspond à celui rencontré à proximité des antennes-relais. Ce sont les premiers travaux INERIS-UPJV montrant un effet biologique « athermique » des radiofréquences, bien distinct de l’effet thermique, et s’observant en continu, à des niveaux similaires à des conditions réelles.

Les premières conclusions montrent des effets biologiques à long terme des radiofréquences simultanés sur la régulation thermique, le comportement alimentaire et le sommeil. Ces effets apparaissent notamment quand la température ambiante augmente.

Ils induisent chez les animaux exposés un phénomène d’économie d’énergie, comme s’ils ressentaient le froid provoquant des besoins énergétiques accrus. En effet, un organisme exposé au froid en temps normal entraîne des vasoconstrictions réflexes (NDLR : diminution du calibre des vaisseaux sanguins) et pour lutter contre le froid (demande énergétique supplémentaire), il va consommer plus pour emmagasiner de l’énergie sous forme de graisses. Effectivement, il a été observé chez les jeunes rats exposés par rapport aux rats témoins non exposés, une prise alimentaire plus importante. La question se pose à terme sur l’apparition d’une suralimentation et peut-être de phénomène de surpoids et d’obésité. Cela reste à démontrer.

  • Si les champs électromagnétiques semblent induire « une sensation de froid » chez l’animal, il n’est pas encore possible de dire si cet effet est transposable à l’homme.

Fractionnement du sommeil paradoxal

L’étude a aussi permis de confirmer un autre effet des radiofréquences : le fractionnement du sommeil paradoxal. Le sommeil est très lié à la température centrale du corps. Le meilleur moment se situe lorsque la température commence à baisser, c'est-à-dire en fin de soirée. Des différences existent de quelques heures entre les gens du soir qui ont une courbe de température plus élevée plus longtemps, et les gens du matin dont la température commence sa descente plus tôt. Aussi, si les jeunes rats maintiennent leur température assez élevée voire plus, dû à cette sensation de froid réclamant un apport supplémentaire énergétique, cela pourrait être l'une des hypothèses des perturbations du sommeil. Les chercheurs n’ont noté aucune modification des paramètres de qualité du sommeil (réduction du temps de sommeil, réveils répétés, difficultés à se rendormir…)  engendrée par cette fragmentation du sommeil paradoxal. L'effet sur la phase paradoxale est encore mal connu mais, en l’état des connaissances scientifiques actuelles, il peut être à l’origine de difficultés de mémorisation et de troubles de l’humeur, troubles entre autres présentés par les personnes atteintes de HSEM.

  • Cette étude est l’une des premières permettant la compréhension des mécanismes induits par les ondes électromagnétiques de type radiofréquence sur l’organisme vivant, ouvrant la reconnaissance de cette pathologie HSEM. En effet, l'ARTAC (sous l’égide du Professeur Belpomme) a en effet trouvé des anomalies dans des analyses sanguines et les scanners cérébraux effectuées sur les personnes intolérantes aux ondes.

Au sein du travail, ce nouveau risque émergent doit être évalué et, suivant les niveaux mesurés, les résultats devront être mis en regard avec les valeurs guide des décrets 2002-775 du 3 mai 2002 (public) et 2004/40/CE du 29 avril 2004 (domaine professionnel). En fonction des résultats de l’évaluation, des mesures de prévention adaptées aux situations professionnelles rencontrées devront par conséquent être déployées.

 

Patricia MOUYSSET
Responsable du Département Risque Chimique, Toxicologique et Physique
Docteur en Chimie
Intervenant Prévention Risques Professionnels 

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